Déficit public de la France : pourquoi il ne faut pas se réjouir trop vite

Une bonne nouvelle pour l'économie française a été annoncée le 26 mars 2018 : selon les premières estimations de l'Insee, le déficit public de la France a été ramené à 2,6% du PIB en 2017, au lieu des 2,9% officiellement attendus. Pour la première fois depuis 2007, notre pays répond donc aux exigences européennes en affichant un déficit sous la barre des 3%. Malgré tout, d'autres indicateurs viennent modérer cet optimisme. On vous explique pourquoi il ne faut pas se réjouir trop vite.


Le déficit public a baissé

Dopé par la croissance, le déficit public de la France a atteint son plus bas niveau depuis 2007.

Pour la première fois depuis 10 ans, la France est repassée sous les 3% de déficit et se conforme aux exigences européennes.

Selon les estimations de l'Insee, il s'établit pour 2017 à 2,6% du PIB, contre 3,4% en 2016 et bien en-dessous de l'objectif gouvernemental de 2,9%.

Ce chiffre, qui réunit les soldes des comptes de l'Etat, des collectivités locales et des administrations de Sécurité sociale, a atteint 59,3 milliards d'euros en 2017 contre 75,9 milliards un an plus tôt. Il a donc reculé de 0,8% point par rapport à 2016.

Cette diminution a été favorisée par la forte progression des rentrées fiscales (de la TVA notamment), qui ont été dopées par le retour de la croissance (2% l'an dernier).

Selon le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire, ce résultat "nous permet de retrouver notre crédibilité en Europe".

En effet, jusqu'à l'an dernier, la France était le dernier pays européen avec l'Espagne à être encore sous le coup d'une procédure pour déficit excessif.

La Commission européenne devrait mettre fin à la procédure de déficit excessif lancée contre la France en 2009, si nous parvenons à conserver notre déficit sous la barre des 3% pendant 2 ans, et tout indique que le pari sera également tenu en 2018.

Mais la dette publique et les dépenses publiques ont augmenté

Pourtant, tout n'est pas rose pour l'économie française. Les dépenses publiques (qui avaient été cantonnées à 1% en 2016) ont augmenté de 2,5% en un an.

Cette hausse s'explique notamment par l'investissement des collectivités locales estimé à plus de 2,9 milliards d'euros et la revalorisation du point d'indice en février 2017.

La dette publique aussi a augmenté. Fin 2017, elle atteignait 97% du PIB, contre 96,6% un an plus tôt. Elle est aujourd'hui de 2218 milliards d'euros, en hausse de près de 66 milliards.

Le gouvernement ne prévoit d'ailleurs pas de baisse de la dette avant 2020.

A noter : le déficit public (quand les dépenses publiques sont supérieures aux recettes) augmente la dette publique, mais ces deux expressions ne désignent pas la même chose. La dette publique correspond à l'ensemble des engagements financiers pris sous formes d'emprunts par un État, ses collectivités publiques et ses organismes de sécurité sociale.

La pression fiscale reste forte

La pression fiscale est un autre point noir de l'économie française : le taux des prélèvements obligatoires est passé de 44,4% à 45,4% du PIB en un an.

C'est au-dessus de ce qu'avait anticipé le gouvernement dans sa trajectoire budgétaire (44,7% en 2017) et loin de l'objectif affiché pour 2022 (le gouvernement a promis de ramener ce taux à 43,6%).

Tous les prélèvements sont en hausse : l'impôt sur les sociétés (+ 8 milliards d'euros du fait de la contribution exceptionnelle votée fin 2017), les prélèvements sociaux (+ 3,3 milliards d'euros, dont 2,8 milliards de CSG) ou encore les rentrées de TVA (+ 7,6 milliards d'euros).

Ces chiffres signifient que l'effort de réduction du déficit budgétaire en France passe non par une baisse de la dépense publique, mais par une hausse des impôts.

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